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Le vin du solitaire
Le regard singulier d'une femme galante
Qui se glisse vers nous comme le rayon blanc
Que la lune onduleuse envoie au lac tremblant,
Quand elle y veut baigner sa beauté nonchalante ;Le dernier sac d'écus dans les doigts d'un joueur ;
Un baiser libertin de la maigre Adeline ;
Les sons d'une musique énervante et câline,
Semblable au cri lointain de l'humaine douleur,Tout cela ne vaut pas, ô bouteille profonde,
Les baumes pénétrants que ta panse féconde
Garde au coeur altéré du poète pieux ;Tu lui verses l'espoir, la jeunesse et la vie,
- Et l'orgueil, ce trésor de toute gueuserie,
Qui nous rend triomphants et semblables aux Dieux !Tableau d'Edouard MANET
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Début des années 60, Joan Baez rencontre Bob Dylan, à l'époque moins connu que cette folk-singer engagée.
1975 Joan Baez compose, ( paroles et musique) , Diamands et Rouille qui a toujours été à son répertoire.
Elle s'adresse au grand amour de sa vie
Leurs jeunesses respectives sont déjà loin derrière eux. Cet appel réveille les souvenirs d'une époque qu'elle croyait révolue et qui ressurgit d'un coup. Elle se souvient du garçon rebelle qu'il était, du jeune chien fou adulé des foules et qui a su gagner son amour à elle qui était peut-être la même que lui dans le fond mais aussi tout l'opposé, distinguée, sage, réservée. Des images précises lui reviennent en mémoire : lui sur scène, lui au milieu d'un tourbillon de feuilles mortes, lui et de la neige dans ses cheveux, ou bien encore lui et son étrange sourire derrière la vitre d'un hôtel minable de Washington Square, paumé. Il y a 10 ans déjà.
Elle se rappelle aussi des phrases blessantes, de sa poésie à elle qu'il trouvait pauvre. Elle lui demande de l'aider à trouver les mots pour dire ce qu'elle ressent, les phrases qui pourraient mettre un voile sur une douleur vive et sur une plaie qui s'ouvre à nouveau. Le texte, oscillant de manière subtile entre passé et présent est simple, authentique, et constitue, allié à la musique et la voix de Joan Baez un parfait vecteur des différents sentiments et émotions qui se dégagent de ce morceau hors du temps.
Je sais que je suis condamnée
Car ton fantôme est revenu me hanter
Mais je pouvais m'y attendre
Car la Lune est pleine ce soir
Et tu as décidé d'appelerEt me voici assise
Avec une main posée sur le téléphone
J'entends encore cette voix qui m'était familière...Tu t'es égaré dans mes bras, perdu pour un temps,
Un bon souvenir (diamant) ne vient pas sans un mauvais ( rouille)
Bob Dylan comme Johan Baez ont en 2021
80 ans..